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50 ans l'âge de "second life "

Le Rendez-Vous de l’EthiClub Sophia Antipolis du 15 Février 2010 accueillait, pour illustrer la thématique: Les « Seniors » et l’Entreprise – Valeur humaine ajoutée ou soustraite ? Robert Salomon –Objectif 50- et Charles Fraysse, Président FIDES (Fédération interrégionale pour le développement de l’emploi des seniors) et Président Avarap06.

Tous deux ont créé la société de portage Sud Convergences, après avoir effectué le parcours classique du cadre quinqua, licencié, et qui re-bondit avec succès, en créant son entreprise.

La présentation:

Robert Salomon a rappelé à l’assemblée que  l’origine étymologique du mot  senior en latin est « ancien guerrier valeureux » puis il devint seigneur et enfin, anglicisé, il évoque un « vieux », un retraité et pas seulement une personne expérimentée… Bref, de prestigieux, le mot est devenu assez péjoratif, dans la sphère socio-économique.

Robert Salomon a rappelé également l’état de l’emploi en France, où dès les années 70, avec la casse de la sidérurgie, démarre une longue histoire des plans sociaux au chômage structurel qui s’installe durablement.

Charles Fraysse a souligné le fait que, dans notre pays, le chômage des + de 50 (maintenant + de 45 …!) est une affaire culturelle, une question de mentalités contre lesquelles l’association FIDES se bat en faisant du lobbying. Elle explique notamment que soutenir l’emploi des quinquagénaires est une question de logique économique puisque notre société vieillit de plus en plus, qu’il manque d’actifs pour financer les retraites, etc…

Il s’agit surtout de démonter les idées préconçues telles que « un senior coûte plus cher, n’est  pas motivé, est peu malléable », etc… Et de faire la promotion des qualités de « savoir- être et savoir faire », tant appréciées des cabinets de recrutement (qui les ignorent pourtant chez les quinqua.)

Le second point abordé par les intervenants a porté sur le récent « plan emploi seniors » supposé éviter les licenciements et améliorer l’accès à la formation pour les + de 50.

C’est un dispositif coercitif, pas incitatif qui concerne les entreprises d’importance, alors que dans les Alpes Maritimes, 95 % des entreprises ont environ 5 salariés et n’ont donc pas à se préoccuper de cette question.

Enfin, R. Salomon et C. Fraysse ont conclu sur un paysage socio-économique très défavorable à l’emploi des Quinquagénaires, qui ne risque pas de s’améliorer rapidement, ce qui veut dire qu’il faut oser créer son activité. Ils ont cité leur exemple de reconversion réussie après avoir suivi la formation de groupe Avarap, qui leur a permis de constituer un projet professionnel, de se rencontrer et de réaliser leur « second life ».

Quelques conseils sont venus agrémenter le propos: « Soyez sexy », apprenez à faire un projet professionnel car il est bien plus facile de créer son activité que de trouver un emploi salarié à 50 et plus!

C’est aussi l’opportunité de travailler en accord avec ses valeurs, de faire évoluer « le système » en prouvant qu’à 50 et bien plus, on est toujours performant, créatif, etc…

LE DEBAT a navigué d’abord sur les constatations du mal français bien connu de certains, représentés à cet EthiClub, femmes chefs d’entreprise, experts comptables, créateurs d’entreprise, etc…: La législation du travail trop contraignante, les mentalités rigides, l’ambition d’être « fonctionnaire » de nombreux français y compris chez les jeunes, l’ absence d’enseignement du projet professionnel, etc…

La question des pénalités prévues par le nouveau Plan fait aussi débat sur son efficacité ou non.

La discussion a rebondit sur le « coût supposé d’un cadre »: trop cher ou pas ? Tout le monde a remarqué que les cadres, comme bien d’autres salariés, font maintenant profil bas pour trouver un job et acceptent des salaires bien plus bas que ceux engrangés pendant la période « faste » à 25/35 ans… Il y a , à ce propos, une culpabilisation du sous emploi des quinqua (comme des handicapés): quelque part c’est de leur faute: il sont trop chers, ils ne se forment pas assez, ils ne sont pas assez « souples « , etc…

La discussion a tourné un moment sur cet aspect « pourquoi, à partir de 45 ans, les salariés seraient trop, trop, trop …aux yeux des chefs d’entreprise ? »

Puis les participants, dynamiques et réactifs, ont remarqué que trop souvent les jugements se font sur l’apparence, l’idée reçue au lieu d’approfondir et de chercher véritablement les compétences que recèlent les quinqua…

Le débat s’est engagé sur des réflexions plus constructives et des exemples émanant de salariés en poste dans des entreprises de Sophia qui ont fait remarquer que même si les recrutements sont orientés « jeunes diplômés » généralement, quand l’entreprise a vraiment besoin d’une compétence, elle embauchera la personne sans tenir compte de l’ âge.

D’ailleurs, dans l’activité indépendante, l’âge n’a pas d’importance aux yeux du client, seule la bonne réponse à une demande prévaut.

Cela a permis de conclure sur un certain optimisme: le statut de l’auto-entrepreneur, même s’il est contesté par certains, a prouvé sa pertinence et  le marché fixe, in fine, la valeur d’un salarié.

Il y a de l’emploi pour ceux qui offrent des compétences attendues à condition d’avoir la volonté d’entreprendre et de s’adapter: à 50 ans ou même plus, compétent et expérimenté, c’est une « second vie » qui s’ouvre.

Ce poste a 3 Commentaires

  1. Muriel Blanc dit :

    Bravo pour ce « compte-rendu » si rapide et d’une telle qualité !
    Une question malgré tout, pour éviter de se poser celle de « comment retrouver un job à 50 ans et ? » : ne faut-il pas créer (et valoriser) de nouvelles manières de se lancer dans sa « second life » dans la même entreprise, mais avec de nouvelles fonctions (et un nouveau salaire …) ?

  2. Christine Castillon dit :

    Votre super compte rendu me rappelle une anecdote: il y a « quelques » années », à une époque où le taux de chômage était relativement faible, je recherchais mon 1er emploi dans la fonction commerciale et les recruteurs (grosses entreprises de grande consommation)me vendaient leur entreprise. Savez-vous comment j’ai choisi mon 1er employeur? Sur la moyenne d’age de leurs collaborateurs! Un DRH m’a « vendu » qu’ils avaient une des moyennes d’âge les plus basses du marché et ça m’a décidé à ne PAS rentrer chez eux car je me suis dit « Tu as 21 ans, une de tes valeurs centrales est l’apprentissage, si tes collègues et patrons sont aussi jeunes et expérimentés que toi, qui va bien pouvoir et vouloir t’apprendre!? ».

    Quelqu’un voudrait continuer à parler de « second life »? Je serais ravie. Jusqu’à présent je fonctionne avec des « tranches de vie » de 10 ans avec des « grandes décisions » tous les 20 ans, je devrais prendre ma prochaine « grande décision » en 2030….

    Christine, ravie d’être quadra

  3. Communication dit :

    Bonjour,

    Le thème de la « second life » pourrait faire l’objet d’un EthiCafé, prochainement, car il y a une demande pour que ces rencontres informelles aient un thème.
    Ou alors d’un EthiClub, mais il faudrait qu’il ait une connotation Ethique…
    Quand j’ai quitté volontairement un job bien payé, mais atrocement pénible (psychologiquement), j’ai coller sur mon bureau, chez moi: « aujourd’hui est le premier jour de ma nouvelle vie »…

    Bien cordialement

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